La nécessaire adaptation de l’agriculture, de la pêche et du tourisme, secteurs économiques majeurs en région

publié le 7 mars 2016 (modifié le 23 mars 2017)

La région est en 2e position nationale pour son agriculture et sa pêche (ancien périmètre des 22 régions de la France métropolitaine). Or, ces secteurs économiques exploitant les ressources naturelles locales, ils sont par nature susceptibles d’être fortement impactés par le changement climatique.

  La vulnérabilité plus particulière des exploitations agricoles tournées vers l’élevage

Les travaux menés par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) concluent à une augmentation des rendements dans les secteurs où la hausse des températures resterait inférieure à 3°C (en Pays de la Loire, la hausse suivant les scénarios pourrait varier de 1,5 à 3,5 °C). Toutefois, en Pays de la Loire, la diminution de la disponibilité de la ressource en eau constituera probablement un facteur limitant, auquel s’ajoutera comme partout l’impact des événements extrêmes (sécheresses) et plus spécifiquement pour la région l’accroissement des aléas côtiers (salinisation des terres arables et des pâturages, submersion des terres…).

Par ailleurs, l’expérience de la canicule de 2003, dont l’intensité deviendrait banale d’ici la fin du siècle, a mis en évidence la vulnérabilité particulière des activités d’élevage (62% des exploitations en Pays de la Loire). La capacité d’alimentation du bétail dépend en effet de la production fourragère (perte de production estimée entre 20 à 30% au niveau national en 2003). L’adaptation des systèmes et des pratiques (semis, irrigation, fertilisation, choix variétaux…) au climat futur est donc cruciale mais aussi très complexe, la mise en œuvre à grande échelle de certaines options posant de nombreuses questions, notamment celle de leur acceptation par les agriculteurs, des débouchés, de l’organisation des filières, des orientations de la politique agricole commune…

Pour les secteurs viti-vinicoles, on assistera probablement à des changements dans la qualité et la typicité du vin, et à plus long terme à une progression significative vers le nord des zones favorables à la culture de la vigne. Là aussi, des adaptations seront nécessaires tant sur les techniques de travail que sur les cépages qui devront être plus résistants à la sécheresse et aux nouvelles maladies.

  L’évolution des propriétés physiques de l’eau de mer à l’origine d’une évolution probable des peuplements et pouvant avoir des impacts négatifs sur la conchyliculture

Concernant le secteur pêche, l’impact du changement climatique sur les ressources halieutiques est encore mal connu. En outre, il est difficile, lorsque les effectifs des populations évoluent, de faire la part entre modification du milieu et pression de l’activité.

Toutefois, on peut avancer que l’acidification et le réchauffement marin auront des conséquences sur certaines espèces. Leur déplacement en est la manifestation la plus visible aujourd’hui, soit pour retrouver une température de l’eau spécifique, soit pour suivre les planctons et autres organismes marins dont ils se nourrissent et qui migrent vers le nord. Ainsi, dans le golfe de Gascogne, on observe une augmentation de l’abondance des petites espèces subtropicales et une diminution de l’abondance des grandes espèces boréales traditionnellement exploitées (et en lien avec la pression de la pêche).

Ces changements, qui peuvent aussi offrir de nouvelles possibilités d’activités, sont susceptibles d’avoir des effets, encore mal connus, sur l’équilibre des écosystèmes marins. L’augmentation de la température de l’eau peut aussi amplifier l’eutrophisation des eaux, favorisant le développement d’algues ou de poussées planctoniques défavorables à la vie marine. Enfin, l’acidification des eaux marines en lien avec l’augmentation des teneurs en dioxyde de carbone (CO2) pourrait avoir des impacts directs sur les organismes à squelette et coquille calcaire, notamment le ralentissement de la calcification des moules et des huîtres, voire la dissolution des coquilles à des teneurs très élevées de CO2 (environ 5 fois les teneurs actuelles).

  Une activité touristique qui pourrait évoluer géographiquement et être plus étalée dans le temps

L’évolution du trait de côte sous l’effet de l’érosion et de la submersion (disparition des plages de sable actuelles notamment) ou encore des grandes zones humides (atterrissement, submersion, extension…), et plus généralement des grands paysages ligériens, pourraient modifier l’activité touristique sans que l’on puisse affirmer aujourd’hui si ces évolutions seront plutôt favorables ou défavorables à l’économie du secteur. Elles demanderont quoi qu’il en soit une adaptation.


Maison au dessus d’une falaise, crédit photo Laurent Mignaux, MEDDE-MLET

Les travaux menés à l’échelle nationale mettent en avant une dégradation du confort climatique en été, avec des températures maximales trop élevées pour le confort des touristes, notamment dans les régions méditerranéennes. Cela pourrait impliquer un report de fréquentation vers les régions plus tempérées dans la mesure où l’amplitude de l’élévation des températures estivales reste modérée. En revanche, les conditions climatiques seraient plus favorables en intersaisons, avec une augmentation de l’attractivité touristique sur ces périodes.

Cet « étalement » des flux touristiques pourrait être un avantage, dans une certaine mesure, pour l’approvisionnement en eau potable. En effet, si la saisonnalité des afflux touristiques se maintenait, la situation, déjà tendue aujourd’hui en période de haute-saison, pourrait encore s’aggraver dans un contexte où la ressource en eau serait moins disponible, et nécessiterait donc la mise en place de moyens supplémentaires et probablement coûteux (usine de dessalement de l’eau de mer, par exemple).

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